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CALIBRES manufacture: le Saint-Graal ?

UN NOMBRE CROISSANT DE MARQUES HORLOGÈRES FAIT LE CHOIX DE DÉVELOPPER, CONSTRUIRE ET ASSEMBLER EN INTERNE LEURS PROPRES CALIBRES, LES FAMEUX « MOUVEMENTS MANUFACTURE ». POURQUOI ET, SURTOUT, QUEL EN SONT LES BÉNÉFICES ?

Au départ, il y a 45 ans, les choses étaient simples : l’amateur horloger avait le choix entre montres mécaniques et montres à quartz. Puis, en 1971, une ordonnance helvétique crée le Swiss Made. Désormais, la catégorie des montres mécaniques compte deux classes : les pièces Swiss Made et les autres. Depuis le tournant du millénaire, une troisième distinction s’y est superposée : les montres mécaniques Swiss Made... avec mouvement manufacture ou sans mouvement manufacture. Un argument marketing de plus ou une réelle valeur ajoutée pour l’amateur éclairé ?

 

DES PETITES MAINS AUX ASSEMBLEURS

Le mouvement manufacture se définit comme un calibre mécanique conçu et produit, en interne, par la marque qui commercialise la montrenie. En ce sens, les mouvements manufactures ont par essence liés aux premières heures de l’horlogerie au XVe siècle : chaque artisan qui réalisait de ses mains son propre calibre était par définition producteur d’un « mouvement manufacture » ! Ainsi en allait-il de soi pour les premières Breguet, que l’horloger éponyme (1747 – 1823) réalisait seul, à la main. Il en va de même pour Jaeger-LeCoultre et bien d’autres maisons historiques.

 

Pourtant, lorsque l’horlogerie de masse s’est développée dans les années 1950, on vit apparaître des fournisseurs de mouvements génériques qui alimentaient des dizaines voire des centaines de marques. Celles-ci achetaient séparément tous les composants de leurs montres, les assemblaient et les vendaient sous leur nom. Contrairement à une idée reçue, ces « commerçants non fabricants » ont joué un rôle déterminant dans l’horlogerie. On leur a souvent reproché de proposer des produits à bas prix reposant sur des calibres de faible intérêt. Mais ce serait oublier qu’ils ont contribué à un essor faramineux de l’horlogerie, mettant une montre au poignet de centaines de millions de consommateurs, popularisant les plus belles conquêtes de l’homme en matière d’aviation (Breitling), de conquête spatiale (Omega), marine et sous-marine (Panerai), automobile(TAG Heuer, Chopard), etc.

 

2007, LE TOURNANT

Les choses auraient pu durer ainsi si deux événements n’étaient pas venus bouleverser l’économie horlogère. Le premier, c’est la volonté du plus important fournisseur de mouvements génériques (ETA) d’arrêter ses livraisons à des marques extérieures à sa maison mère, le Swatch Group. Cette décision, qui sera progressivement appliquée jusqu’à son terme dans trois ans, va priver des centaines de marques de leur source d’approvisionnement. La seconde raison est économique : entre 2007 et 2008, le marché horloger a subi une forte contraction. Les marques les plus faibles n’ont pas survécu. Pour éviter de se trouver à court de mouvements, assurer son indépendance et mieux se démarquer dans un environnement concurrentiel accru, beaucoup de marques ont donc décidé de produire leurs propres calibres, en interne, le fameux « mouvement manufacture ». Breitling, Cartier, Chopard,Hermès, Hublot, TAG Heuer, Panerai, etc. : toutes ont lourdement investi pour se doter de l’ingénierie et des capacités industrielles pour devenir manufacture. C’est, pour toutes, la mutation la plus importante de leur histoire.

 

LA PREUVE PAR TROIS

Concrètement, qu’apporte un mouvement manufacture à une marque ? Déjà, une plus grande liberté créative. Chaque fonction, chaque idée, chaque design peut prendre vie grâce à des calibres maison développés sur mesure. Chaque manufacture possède un nombre variable de mouvements manufacture, de deux pour celles qui ont fait leur mue récemment (comme TAGHeuer) jusqu’à plusieurs centaines pour les maisons séculaires comme Jaeger-LeCoultre ou Rolex.

 

Ensuite, un mouvement manufacture apporte un certain prestige. C’est la garantie d’acquérir un produit d’exception qui porte intégralement l’identité de la marque, depuis son logo, son cadran, jusqu’au moindre rouage de son calibre. Enfin, c’est l’assurance d’avoir un garde-temps dont la cote ne baissera pas. Mieux valorisé par les collectionneurs comme par les maisons de vente aux enchères, un mouvement manufacture est autant une satisfaction d’esthète qu’un investissement pérenne.

 

PLUS

PLUS CHER, LE MOUVEMENT MANUFACTURE ?

Le plus souvent, oui, mais pour une valeur ajoutée sans commune mesure avec celle des calibres génériques précédemment utilisés. Un mouvement maison, selon sa complexité, réclame entre un et trois ans de développement et des multitudes de tests dont certaines marques se passaient sur les calibres génériques, au prétexte qu’ils étaient abilisés depuis des décennies et produits par millions. Cela ne retire rien é leur mérite commercial mais la différence entre un mouvement manufacture et un calibre générique est la même que celle entre haute couture et prêt-à-porter. Les premiers sont plus rares, plus travaillés, mieux finis pour la plupart et conçus sur mesure pour la montre qu’ils animent.

 

SWISS MADE A DAY, SWISS MADE FOREVER

Les volumes de montres mécaniques dans le monde ont atteint de tels sommets que nombre de marques finissaient par s’approvisionner en Asie quand la Suisse, elle, peinait à répondre à la demande. C’est alors que l’on a constaté certaines dérives d’un « Swiss Made » passablement usurpé. À l’inverse, lorsque certaines maisons ont franchi le pas de la manufacture, elles ont pris soin de localiser en Suisse la conception et la production de leurs propres mouvements. Ainsi, un véritable calibre de manufacture suisse est garant d’un authentique « Swiss Made » scrupuleusement respecté et donc d’une qualité maximale.

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