En horlogerie suisse, il n’est question que del ’infiniment petit, de la nuance, du détail. La nouvelle Santos de Cartier ne fait pas exception. Présentée en janvier 2018 dans les allées feutrées du SIHH (Salon International de la Haute Horlogerie), la pièce a polarisé les débats. Les progressistes en attendaient une rupture franche, les conservateurs tenaient coute que coute à leur icône originelle. Délicate mission pour Cartier que de faire évoluer sa création sans froisser les uns ni les autres !
GARDIEN DU TEMPLE
Cette lourde tâche revint à Pierre Rainero, « Directeur Style, Image et Patrimoine » de Cartier. En d’autres termes, le gardien du temps et du temple, de l’évolution du style maison et de sa cohérence à travers ses nouvelles références (horlogerie, joaillerie, maroquinerie, parfums, etc.).
Pour redessiner la Santos, l’homme ne s’est pas privé de regarder vers l’Apple Watch. « C’est un rectangle aux angles arrondis. On scrute plus volontiers ses capacités techniques que son dessin. C’est un tort. L’Apple Watch change la donne, ne serait-ce que par ses volumes qui sont infiniment supérieurs à ceux de l’horlogerie suisse dans son intégralité ».
La nouvelle Santos de Cartier est fournie d’office avec deux bracelets, cuir et acier. Chacun peut-être changé sans outil, le bracelet acier pouvant même ajusté au poignet sans l’intervention d’un horloger.
DIX ANS D’AVANCE
L’histoire de la Santos de Cartier n’est pas commune. Alberto Santos-Dumont avait demandé à son ami Louis Cartier de lui réaliser une montre de poignet...avant même que la montre de poignet n’existe véritablement. Elle ne s’est généralisée qu’avec la Première Guerre Mondiale et son usage militaire, soit à partir de 1914. En demandant la création d’un tel objet en 1904, Alberto Santos-Dumont avait une bonne dizaine d’années d’avance. Louis Cartier également : le garde- temps dessiné pour son ami était carré avec coins arrondis, une audace hors norme à une époque où l’on ne jugeait que par la montre ronde – et pour cause, puisque l’on ne connaissait que la montre de poche.
Aujourd’hui, dans un monde horloger où la montre est à écrasante majorité ronde, la Santos de Cartier incarne le dé du carré avec des angles arrondis. C’est ce dessin si particulier que la maison a fait évoluer. La pièce est donc remaniée dans certaines proportions, grâce à une lunette a née et à deux nouveaux bracelets fournis à chaque modèle. Ils sont interchangeables sans outils. Son bracelet acier est dorénavant ajustable. Cette opération, qui consiste à enlever ou ajouter des maillons métalliques, est aussi possible sans outil grâce au système SmartLink également développé par Cartier et niché dans la boite, presque invisible.
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