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SKELET ON WATCHES la mort vous va si bien

LA MONTRE SQUELETTE EST FURIEUSEMENT TENDANCE. ELLE INCARNE L’ART D’ÉVIDER UN MOUVEMENT POUR N’Y LAISSER QUE LE MINIMUM VITAL. ENTRE GRAVURE, DÉCOUPE ET CISELAGE, L’HORLOGERIE SE METÀ NU.

Les horlogers aiment les contradictions. Certains déploient leurs talents pour créer les plus beaux cadrans, quand d’autres poursuivent la beauté absolue... en le supprimant ! Cet apparent antagonisme est en réalité une belle complémentarité. Il en va de la haute horlogerie comme de la haute couture : de superbes robes de soirée n’ont jamais empêché de porter la plus fine lingerie. Jaeger-LeCoultre, Cartier, TAG Heuer et bien d’autres l’ont compris. Les clients aussi : les pièces les plus habillées complètent à la perfection celles qui, à l’inverse, dévoilent l’intimité de leur mécanique.

 

UN BISONTIN EXHIBITIONNISTE !

Il s’appelle Philippe Lebru et aime tout montrer. Philippe Lebru n’est pas adepte du naturisme, mais l’un des derniers penduliers 100 %indépendant, français et artisanal. L’homme a considérablement rafraichi l’art de la pendule comtoise en créant des modèles colorés, design... et squelettes. Au sein de sa collection phare, la Pop Up, l’amateur de belle mécanique peut découvrir la totalité du célèbre mouvement pendulaire, son balancier, son barillet, ou son câblage. La pendule murale est de retour et montre tout !

 

L’ART DE RÉDUIRE À (PRESQUE) NÉANT

Pourtant, il ne suffit pas d’ôter un cadran pour faire d’une montre un « squelette ». L’art du squelettage est bien plus délicat : il consiste à débarrasser un calibre de toutes ses masses et surfaces inutiles, puis à ajourer au maximum celles qui restent. La limite ? Celle de la physique des matériaux ! Un pont ou une roue évidés à l’extrême voient leur fragilité accrue. Un calibre de montre, par essence construction « en mouvement », est un complexe jeu de couple, tensions et contraintes qui s’accommodent mal de composants devenus trop fragiles. Tout l’art du squelettage est donc de réduire la matière à son strict minimum tout en garantissant sa solidité.

 

Pour y parvenir, les horlogers ne se contentent pas toujours d’évider un mouvement existant. Beaucoup préfèrent le reconstruire en partie ou en totalité pour, dès sa conception, l’alléger de ses masses superflues. Cartier, par exemple, s’est attachée l’année dernière à offrir une version squelette de sa célèbre Crash. Pour y parvenir, de nombreux rouages ont été déplacés afin que le squelette de son calibre soit ajusté au mieux à sa géométrie si particulière.

 

UN MOUVEMENT EN FORME D’ÉTOILE

Une autre maison s’illustre particulièrement dans l’art du squelettage. Son nom : Roger Dubuis. Manufacture genevoise, Roger Dubuis a fait du squelettage extrême non plus un art, mais une véritable marque de fabrique, voire une performance. Pour y parvenir, la maison a entrepris de reconstruire systématiquement ses calibres, à l’instar de ce que peut faire Cartier, mais en leur imprimant par la même occasion un forme bien précise. Celle de Roger Dubuis est identifiable entre toutes : une large étoile dont les bras servent de ponts aux différents organes du mouvement. Les modèles Excalibur sont un exemple de ce squelettage extrême, architectural, le manifeste criant d’une horlogerie d’art disruptive.

 

TOURBILLON MIS À NU

Au-delà de cette vision esthétique, certains horlogers profitent de versions squelettes pour afficher la technicité de leurs mouvements. Des clients amateurs de belle mécanique peuvent alors littéralement se plonger dans les complications de leur garde-temps, voir tourbillons et chronos s’affairer, seconde et date se mettre à nu sans rien cacher de leur virtuosité horlogère. C’est le cas avec la Lo Scienziato - Luminor 1950 Tourbillon GMT Ceramica - 48mm, signée Panerai, une pièce toute en transparence avec heures, minutes, petite seconde, GMT, indicateur de 24h, indicateur de la réserve de marche sur le fond et tourbillon.

 

AU-DELÀ DU SQUELETTE : L’ULTRA-PLAT SQUELETTE
Pourtant, afficher au grand jour ses complications n’est pas toujours le plus...compliqué. L’exercice est périlleux mais il en est un autre qui l’est tout autant : le squelettage de mouvement ultra-plats.

 

LE SQUELETTAGE SELON BREGUET

Il y a des signes distinctifs... et des savoir-faire. Les premiers appartiennent à une marque, les seconds à une branche. Breguet est l’une des rares maisons à pouvoir camper sur les deux positions. Ses signes distinctifs sont connus et reconnus depuis deux siècles : une fine boite cannelée, un cadran guilloché, les aiguilles à pomme évidée, ou encore les fameux « chiffres Breguet », tous sont autant de marqueurs identitaires indélébiles.

 

En marge, il est un savoir-faire que la maison appose bien volontiers sur chacune de ces signatures : le squelettage. C’est là un art que Breguet réserve le plus souvent à ses pièces d’exception, comme la Classique Grande Complication Squelette ou, plus récemment, la Classique Tourbillon Quantième Perpétuel 3795. Dans ces pièces, l’objet est toujours le même : réduire chaque composant à sa plus simple expression afin d’en magnifier le dessin et, incidemment, de permettre au regard de se plonger au plus profond du mouvement. Il ne s’agit donc, le plus souvent, que de garde-temps dépourvus de cadran.

 

L’art de Breguet s’étend bien au-delà de la simple opération de découpe ou de retrait de matière. Celle-ci, partie émergée de l’iceberg, suppose une étude préalable du calibre et de sa capacité a être squeletté. Tous ne sont pas éligibles à l’exercice. Certains composants sont d’une telle finesse que les alléger reviendrait à les sacrifier sur l’autel de la fiabilité.
Enfin, Breguet va plus loin que le retrait de matière. Dans une pièce unique telle que la Classique Chronographe Squelette 5284, la manufacture a finement gravé chacun des composants restants, alliant ainsi un second savoir-faire, la gravure, à l’art du squelettage.

 

 

...LA TÂCHE EST D’UNE INCOMMENSURABLE DÉLICATESSE. ELLE REQUIERT UNE HABILITÉ HORS NORME QUE SEULS QUELQUES ARTISANS POSSÈDENT DANS LE MONDE.

 

 

Pourquoi ? Parce que ces derniers sont, par définition, des calibres de conception déjà fragile.Chaque composant a vu son épaisseur réduite au micron près afin d’offrir un garde-temps à l’incomparable finesse. Si, ensuite, ces composants doivent être réduits en nombre puis ajourés, la tâche est d’une incommensurable délicatesse. Elle requiert une habilité hors norme que seuls quelques artisans possèdent dans le monde. Jaeger-LeCoultre compte quelques-uns de ces rares talents en les murs de sa manufacture du Sentier, en Suisse. Là, la maison a développé des modèles squelette d’une finesse extrême, comme la Master Ultra-Thin squelette en or rose. La pièce combine ce qu’il y a de plus difficile en horlogerie : le nombre le plus restreint de composants, les plus fins possibles et évidés pour la plupart !

 

UN SQUELETTE POUR TOUS !

En marge de ces prouesses réservées aux manufactures d’élite, certaines marques parviennent à offrir des modèles squelettes plus abordables. Et, accessoirement, plus robustes que ces pièces d’orfèvre. TAG Heuer est l’une de ces marques. La manufacture sise à La Chaux-de-Fonds a réussi à marier finesse, virilité, squelettage et robustesse. La toute nouvelle Carrera 01 est une pièce puissante, sportive, affutée, qui ne cache rien de son mouvement maison. Côté cadran, son design épuré est rehaussé par les commandes du chronographe et le disque ajouré de la date. Côté fond, elle dévoile la roue à colonnes rouge de son chrono ainsi que par son pont associé et sa masse oscillante noire, elle aussi ajourée. De son mouvement, il n’en reste que l’essentiel, que sa teinte noire fait ressortir avec une rare puissance. Dans le même registre, Hublot est de longue date une maison familière du squelettage. La dernière création de la maison, la Big Bang Meca-10, en est le meilleur exemple. Elle affiche puissamment, au travers de sa boite de 45 mm, son grand barillet qui offre une réserve de marche hors norme de dix jours. De dos comme de fond, chaque composant est ajouré – y compris ses aiguilles !

 

ET DEMAIN ?

Peut-on toutefois tout faire en matière de squelettage ? Richard Mille tente depuis quinze ans de le prouver. En réponse aux contraintes physiques des matériaux, ajourés mais devant résister à des contraintes importantes, l’horloger répond... qu’il faut faire évoluer ces matériaux. Adieu maillechort, alliage favori des horlogers depuis 150 ans, bonjour titane et fibre de carbone ! Avec ces matériaux issus pour la plupart de la recherche aérospatiale, Richard Mille a su construire des mouvements dotés de composants plus fins mais plus résistants, supportant donc un squelettage plus intense. Il en va de même des ponts en saphir que l’horloger utilise depuis plusieurs années. La matière, ultra résistante, offre également le mérite d’être totalement transparente, permettant ainsi une immersion encore plus profonde, sans aucun obstacle visuel, au cœur du mouvement.

 

PLUS

QUI A INVENTÉ LE SQUELETTAGE ?

L’art d’alléger puis d’ajourer un mouvement n’est pas nouveau. Si la mode horlogère le remet au goût du jour, les premiers mouvements squelettés datent du XVIIIe siècle, donc sur des montres de poche. Les mouvements, visibles par un fond amovible, étaient richement décorés. Avec l’avènement de la montre de poche vers 1915, les mouvements se sont de nouveaux rendus invisibles, bien à l’abri au sein d’une boite parfaitement étanche. Ce n’est qu’au tournant du millénaire que l’industrie horlogère a su produire en grande série et à prix raisonnable des fonds en verre saphir, permettant à nouveau de découvrir le mouvement. Celui-ci s’est plus récemment découvert côté cadran, permettant alors d’être admiré des deux côtés et travaillé en conséquence.

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