Sculpteur de temps, horloger monumental, designer, et d’autres encore. Pour beaucoup, il est l’homme qui a une idée à la minute. Philippe Lebru a beau être partout, il reste insaisissable. Qui est celui qui a su remettre, seul, les horloges comtoises au panthéon du design contemporain ? De Tokyo à Besançon, des gares jusqu’aux musées des beaux-arts, sa société Utinam a su conquérir un public qui semble sans limite. Sans le savoir, Philippe Lebru a joué bien avant l’heure sur tous les tableaux dont les marques horlogères usent aujourd’hui : le goût du vintage, avec l’esprit des horloges comtoises ; l’innovation, avec des procédés techniques jamais utilisés ; une identité forte, qui a su attirer les collectionneurs en marge des sentiers battus ; un secteur d’activité unique, dans lequel il évolue sans réelle concurrence ; et enfin une farouche indépendance qui, après 25 ans de créations, a prouvé toute sa pertinence. Aujourd’hui, Philippe Lebru ne doit rien à personne d’autre que ceux qui le distribuent et achètent ses créations.
LE CHAUDRON MAGIQUE BISONTIN
Pourtant, rien ou presque ne destinait Philippe Lebru à une telle ascension. Avec son seul diplôme de chaudronnier en poche, l’homme a décidé un jour de migrer en terres bisontines. Là, il se pénètre de l’âme horlogère du pays. Sa passion pour le métal le conduit à développer un solide réseau de partenaires, tous membres du tissu horloger local aujourd’hui malmené par la concurrence de la Suisse voisine. Impossible d’y échapper, à cette Suisse grâce à laquelle la Franche-Comté vit... mais qui lui a volé sa superbe horlogère. Philippe Lebru comprend que la construction se fera dans la différenciation, pas dans l’opposition : Lebru fera des horloges, pas des montres.
TENDANCE AVANT L’HEURE
Les débuts sont difficiles mais l’homme fourmille d’idées, prend constamment son monde de court. La singularité de sa production d’horloges monumentales attire les regards, les experts. Pour avoir créé le mouvement pendulaire à équilibrage automatique, il s’est vu décerner en 2005 le Grand Prix toutes catégories du concours Lépine ainsi que la Médaille d’Or en horlogerie du Salon de l’Invention de Gen!ève. Génial par sa simplicité, ce mécanisme se libère du traditionnel bâti de bois pour s’exposer, totalement libre. Sans le savoir, Lebru vise dans le mille, en phase avec les mouvements squelette qui dévoilent les rouages des calibres de la voisine suisse. Sans le vouloir, ses horloges au doux et régulier tic-tac pendulaire offrent une respiration à la frénésie des chronos et de l’ultra-précision.
RÉVOLUTION DE PARQUET
Au final, après trois siècles d’existence, les horloges font enfin leur révolution. Avec Utinam, elles deviennent légères, d’acier ou de verre, déclinées dans un arc de couleurs pétillantes et joyeuses : orange, rouge, vert pomme ou prune. Du jamais vu ! Les noms des collections de ces géants aériens traduisent l’univers atypique d’Utinam : Hortence, Constence, Lala et Pop Up. Philippe Lebru, lui, suit sa route. Comme ses prédécesseurs bisontins, les Pasteur, Proudhon, Courbet, Victor Hugo et autres Fourier, il se veut visionnaire, hors des modes et du temps. Un comble, pour un horloger.
EN BREF
100 NEUF
Chez Utinam, on aime bien le chiffre 100. La maison 100% française fabrique 100 horloges par an, chacune composée de 100 pièces environ. Il faut 100 heures pour les assembler. Leur durée de garantie ? 100 ans, évidemment !