CES MONTRES POLISSONNES SONT DES PIÈCES DONT ON PARLE MAIS QU'ON NE MONTRE PAS. ELLES SONT RELATIVEMENT PEU CONNUES DU GRAND PUBLIC.
L’HISTOIRE
Les montres libertines sont nées à la fin du XVIIème siècle avec l’arrivée des mouvements à répétitions minutes. Les horlogers ont commencé à camoufler des scènes érotiques dans le couvercle des montres de poche. Ces montres de gousset étaient principalement fabriquées en Angleterre, en France ou à Genève. On s'est servi du mouvement avant-arrière des marteauxqui venaient taper sur le timbre afin de donner l'heure. Le système permettait alors, du même coup, de donner vie à des petits personnages, des scènes champêtres ou des scènes coquines. Et sans tabou : moines, prêtres et nonnes constituaient, à l'époque, d'inépuisables sources d'inspiration... Ces garde-temps faisaient souvent parties de la corbeille de la mariée... Et l'heureuse élue les distribuait ensuite aux demoiselles d’honneur.
Un petit plaisir discret. Saisies, détruites et même interdites de fabrication à Genève en 1817, les montres libertines ont fait les frais du puritanisme ambiant. Du coup, les modèles anciens ayant « survécu » jusqu'à aujourd'hui sont rares. Et les montres érotiques remises au goût du jour ces dernières années par quelques grands horlogers sont pour la plupart des pièces uniques. De quoi attiser les convoitises. En 1994, lors d'une exposition de la maison Blancpain au Deutsches Museum de Munich, vingt-huit pièces dont quinze historiques, ont tout bonnement été dérobées par des voleurs.
DES MONTRES À DÉSHABILLER
En général, la haute horlogerie est un univers plutôt sage. Pourtant, aux côtés de ses collections maritimes et innovantes, Ulysse Nardin dévoilait cette année au SIHH à Genève en janvier un boudoir des plus coquins au sein duquel étaient présentées en petit comité ses montres érotiques. Des montres aux motifs gravés explicites, et dont les complications se transforment ici en mouvements que nous ne vous décrirons pas... Et des pièces de haute horlogerie résolument interdites aux moins de 18 ans !
CES MONTRES POLISSONNES SONT DES PIÈCES DONT ON PARLE MAIS QU'ON NE MONTRE PAS. ELLES SONT RELATIVEMENT PEU CONNUES DU GRAND PUBLIC.
DES MONTRES UNIQUES ET PAS TRÈS PUDIQUES
Considérées comme de mauvais goût par certains, les montres érotiques sont toujours produites de nos jours. Ces montres polissonnes sont des pièces dont on parle mais qu'on ne montre pas. Elles sont relativement peu connues du grand public. Chaque année lors de la foire de Bâle, certaines maisons horlogères de renom ne résistent pas à l’envie de présenter une ou plusieurs montres érotiques. Les tic-tac coquins attirent bien au-delà des ventes aux enchères de luxe.
Évidemment, elles éveillent notre curiosité, mais il y a un réel intérêt pour la technique, les mécanismes complexes des automates. Ce marché de niche (une dizaine de pièces paran) a été relancé par Jean-Claude Biver dans les années 1990, lorsqu’il était patron de Blancpain. Il décide alors de créer pour la première fois un automate érotique sur une montre bracelet. Il fabriqua une série de répétitions minutes très discrètes côté cadran mais dont le fond transparent laissait voir une très belle scène de triolisme, une pice dont la qualité artistique de la scène et l’inventivité horlogère sont exceptionnelles.
En effet, de nos jours de grandes marques suisses continuent de fabriquer ces montres. Parmi les grands noms, citons, Blancpain, Chopard, Hublot, Svend Andersen ou encore Gérald Genta. Le « plus grand spécialiste » des montres érotiques est sans doute désormais Svend Andersen, un horlogersuisse né au Danemark, passé entres autres chez Patek Philippe, qui travaille désormais sur commande pour ce type de montres. « Tout est parti d’un client italien qui a ramené une pièce ancienne de ce type et souhaitait avoir un modèle similaire à bracelet. Le défi était donc d’arriver à un mécanisme ultra plat. Avec l’aide de quelques amis spécialistes, nous sommes venus à bout du challenge. Désormais, je travaille à la commande. C’est du sur-mesure » explique Svend Andersen.
DES AMATEURS CÉLÈBRES
L'horlogerie grivoise existe depuis plus de trois siècles et compte quelques amateurs célèbres, de l'acteur Michel Simon à EltonJohn. Mais aujourd'hui, elle ne fascine plus uniquement quelques collectionneurs fortunés ou de lubriques excentriques. Et souvent, les acheteurs souhaitent rester anonymes et les clients demandent aux maisons horlogères de ne pas divulguer leur identité. Un monde d’initiés. Comme la littérature, l’horlogerie a son univers secret, son « enfer » pour reprendre le surnom qu’on donne à la section des ouvrages érotiques et pornographiques de la Bibliothèque nationale. C’est que pas plus qu’autrefois, rares sont les horlogers ou les manufactures qui évoquent clairement ce genre, certains même refusant « de communiquer sur le sujet ».
Auparavant, cela se comprenait car il y avait des sanctions pour les horlogers, et les pièces devaient être détruites sous le marteau-pilon mais, aujourd’hui, cela n’offusque plus personne. Pourtant, rares sont ceux qui osent en parler librement. Il y a heureusement quelques contre-exemples. Le plus fameux est celui de Blancpain, à l'époque où la maison était dirigée par Jean-Claude Biver. La manufacture Ulysse Nardin non plus ne fait pas de mystère de ses productions dont Le couple enlacé et la dame au serpent sont des classiques... Sinon dans les grandes manufactures, on reste très discret. Deux horlogers indépendants, Svend Andersen et Antoine Preziuso, eux, ne font pas mystère de leurs créations très recherchées des collectionneurs.
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